lundi 3 novembre 2008

L’étincelle, la lumière et la flamme- Poème de Philistin Panger

Ma flamme s’éteint un peu plus chaque jour.
Et je sens s’échapper mon âme enfin,
libérer de mon corps, ce poids lourd
qui m’a mené dans ma vie, mon chemin.

Les heures de lumière de ma conscience
ont toujours été de toutes beautés.
Maintenant mon esprit est, je pense,
plus ouvert qu’il ne l’a jamais été.

Je porte l’étincelle éternelle de l’amour
celui qui ne s’éteindra jamais.
Aimer la vie, rien attendre en retour,
c’est ainsi que je vis depuis des années.

Mais cette étincelle, cette lumière et cette flamme
qui sont de Dieu, les plus grands cadeaux
seront, en avant le départ de mon âme,
offertes à la vie. Je transmets le flambeau.

samedi 1 novembre 2008

Fil conducteur : le vent ou l'ange de la Liberté?




Un jour un vent nouveau a traversé ma vie!
Un vent d'une douceur extrême!
Un vent d'une force envahissante!
Un vent léger qui dansait sur les nuages!!
Un vent qui se promenait avec un sourire!
Un vent totalement humble!
Un vent sans attentes de demain!
Un vent s'oubliant tout simplement!
Un vent savant remplie de connaissance!
Un vent prêt à aider son prochain!
Un vent d'une grande dignité!
Un vent qui ne demandait rien!
Un vent qui allait nul part!
Un vent nommé compréhension!
Un vent qui se nommait humain!
Un vent à la vieille âme!
Un vent remplie de vécu!
Un vent qui percevait la vie!
Un vent rempli de tendresse!
Un vent rempli de bisous coquins!
Un vent cachant l'amour!
Un vent d'une folie romanesque!
Un vent aux mots fous et joyeux!
Un vent remplie d'alexandrins!
Un vent taquin comme un enfant!
Un vent ou tout devient possible!
Un vent d'une immense poussée!
Un vent grand entraînant!
Un vent qui déplacerait les montagnes!
Un vent galopant dans l'herbe fraîche!
Un vent d'océan au goût salin!
Un vent printanier tout vivant!
Un vent sensible et aimant!
Un vent qui enlace les corps!
Un vent où se balancent les amants!
Un vent vraiment unique!
Un vent qui nous enveloppe!
Un vent qui nous réchauffe le coeur!
Un vent qui nous embaume l'esprit!
Un vent tout a fait enivrant!

Un vent poussant la goélette de la destinée!
Un vent venant de très loin au-delà de là!
Un vent apportant en vol plané un ange gardien
-Arseno-

vendredi 31 octobre 2008

Si je croyais en Dieu...

La Confiance

Si je croyais en Dieu
Je serais heureux
De rêver au jour où je verrais dans le ciel
Un ange en robe blanche
Par un clair dimanche
Descendant vers moi dans un chariot doré
Dans un bruit d'ailes et de soie
Loin de toute la terre
Très haut, je verrais se lever devant moi
L'aube d'un jour sans fin
La brûlante lumière
Le bonheur éternel
Si je croyais en Dieu


Mais j' ai vu trop de haine
Tant et tant de peine
Et je saisis mon frère, qu'il te faudra marcher seul
En essayant toujours
De sauver l'amour
Qui te lie aux hommes de la Terre oubliée
Car tout au bout du chemin
Une faux à la main
La mort, en riant, nous attend pas pressée
Aussi mon ange à moi
Je le cherche en ce monde
Pour gagner enfin ma part de joie


Dans ses bras

(Boris Vian / 1920-1959 / Sermonette / 1958)




vendredi 30 mai 2008

Fil conducteur : le pêcheur impénitent

Pauvre pêcheur impénitent
Mélancholia



C'est le printemps, heure de la fraie, pauvre pêcheur impénitent,
Que captureras-tu dans tes rets d'argent, petite bête de sexe frétillant?

Petit poisson, aux écailles multicolores, sourire enjôleur, joli petit coeur?
Méfions-nous des sirènes vibrantes, à la queue de comète scintillante,
Métamorphose du vilain brochet aux petites dents bien acérées!

Te feras-tu toujours prendre un peu, beaucoup, passionnément,
A l'heure de la consommation de ton protéinique repas?
Pêcheur qui déteste se nourrir de la chair comme l'animal, de l'Autre,
Tout en y étant poussé, par le besoin de la faim du Manque,

De la PEUR d'Aimer et d'être dévoré tout cru,
La feras-tu Elle, disparaître, comme tant d'autres?


En premier lieu, appliquons-nous à faire mourir, son inconvenant sourire,
Ensuite, la faire quitter son bocal familier : l'isoler de ses sacrosaintes habitudes,
En rire avec elle, puis transformer indisciblement, le rire en cynique grimace,

Pour la priver de sa nourriture favorite : lui faire renier l'Amour, l'Amitié,
Les Autres, la belle affaire : nul Autre n'a d'existence pour le pêcheur!

Lui faire renoncer, par choix conscient, à tout ou partie d'Elle-même,
Pour une rebelle, au nom de l'ultime valeur de la Liberté d'Aimer l'Autre,

Le pêcheur se transformera la nuit, en vampire d'épouvante,
Suçant peu à peu consciencieusement le sang de sa victime,
Tout en lui laissant juste assez dans les veines, de quoi survivre...



Lui permettant dans sa Grandeur, entre deux sanglots, de lui dire :
Grand Merci, Pêcheur noir du royaume de l'eau glauque et obscure.

Merci de nous montrer la noirceur de l'Ame humaine,
Quand échouée brutalement, à genou, à terre, égarée dans le puits, malade,
Elle se mire inlassablement dans une flaque d'eau croupissante.
Tombée Amoureuse folle d'Elle-même.

Pour aller plus loin : "Le portrait de Dorian Gray" Oscar Wilde

lundi 26 mai 2008

Fil conducteur : le silence

Ah ! Vous êtes mes soeurs, les âmes qui vivez
Georges RODENBACH (1855-1898)
(Recueil : Le règne du silence)

Ah ! Vous êtes mes soeurs, les âmes qui vivez
Dans ce doux nonchaloir des rêves mi-rêvés
Parmi l'isolement léthargique des villes
Qui somnolent au long des rivières débiles ;

Ames dont le silence est une piété,
Ames à qui le bruit fait mal ; dont l'amour n'aime
Que ce qui pouvait être et n'aura pas été ;
Mystiques réfectés d'hostie et de saint chrême ;

Solitaires de qui la jeunesse rêva
Un départ fabuleux vers quelque ville immense,
Dont le songe à présent sur l'eau pâle s'en va,
L'eau pâle qui s'allonge en chemins de silence...

Et vous êtes mes soeurs, âmes des bons reclus
Et novices du ciel chez les visitandines,
Ames comme des fleurs et comme des sourdines
Autour de qui vont s'enroulant les angélus

Comme autour des rouets la douceur de la laine !
Et vous aussi, mes soeurs, vous qui n'êtes en peine
Que d'un long chapelet bénit à dépêcher
En un doux béguinage à l'ombre d'un clocher,

Oh ! Vous, mes soeurs, - car c'est ce cher nom que l'église
M'enseigne à vous donner, soeurs pleines de douceurs,
Dans ce halo de linge où le front s'angélise,

Oh ! Vous qui m'êtes plus que pour d'autres des soeurs
Chastes dans votre robe à plis qui se balance,
Ô vous mes soeurs en notre mère, le silence !

vendredi 18 avril 2008

Fil conducteur : la voix


Tout entière
Baudelaire
Les fleurs du mal

Le Démon, dans ma chambre haute,
Ce matin est venu me voir,
Et, tâchant de me prendre en faute,
M'a dit : « Je voudrais bien savoir,

Parmi toutes les belles choses
Dont est fait son enchantement,
Parmi les objets noirs ou roses
Qui composent son corps charmant,

Quel est le plus doux. » — O mon âme,
Tu répondis à l'Abhorré :
Puisqu'en Elle tout est dictame,
Rien ne peut être préféré.

Lorsque tout me ravit, j'ignore
Si quelque chose me séduit.
Elle éblouit comme l'Aurore
Et console comme la Nuit ;

Et l'harmonie est trop exquise,
Qui gouverne tout son beau corps,
Pour que l'impuissante analyse
En note les nombreux accords.

O métamorphose mystique
De tous mes sens fondus en un !
Son haleine fait la musique,
Comme sa voix fait le parfum.


dimanche 30 mars 2008

Cadeaux : mes trois derniers dessins



Transmutations

Sorcinette au travail

Méditation et Spiritualité printanière

vendredi 28 mars 2008

Fil conducteur : le temps qui passe...


Le temps
Philistin Panger

Tu les comptes, ces heures ?
Moi, je les connais par cœur.
Puis je les oublie.
Trop nombreuses, elles m’ennuient

Tu les entends, ces secondes ?
Je les écoute ces ondes.
Puis elles disparaissent, perdues
dans un bruit sourd continu.

Tu les sens, ces années ?
Moi, je les as déjà oubliées.
Puis elles reviennent d’un coup
et dans mon cœur font des trous.

Tu les vois, ces minutes ?
Je les accompagne dans leur chute
Puis à nouveau, elles recommencent
Moi, je reste en bas et je pense :

Le temps entre mes doigts s’amuse.
Toujours masqué, souvent il abuse.
Se jouant de mon âme pour son bon usage
il est le plus fort et c’est bien de son âge.
Philistin Panger

samedi 22 mars 2008

Dictons sur le Printemps


Avril tantôt pleure, tantôt rit.

Printemps battant, jardinier courant.

Arc-en-ciel du Printemps, année belle.

Une pie au Printemps, annonce le mauvais temps.

Printemps très pluvieux, été très orageux.

Quand le coucou chante, un jour est mouillé, l'autre sec.

Fleurs de printemps font fruits d'automne.

jeudi 14 février 2008

Fil conducteur : la tristesse

Tristesse
Alfred de Musset

J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté ;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelques fois pleuré.



mardi 12 février 2008

Fil conducteur : l'amour impossible




















Toi...

Mon amour, ma torture...
Dont l'absence me brûle le corps et l'âme...
Après ma mort, je m'envolerai, je te le jure...

Au-delà de ces monts et montagnes...
Je te retrouverai pour qu'enfin,

Nous puissions nous aimer, sécher nos larmes...

Et tu comprendras pourquoi,
Je me suis foudroyé de ton éternelle absence...
Tu renaîtras en moi,

Fidèle à cette image que tu inventas...
Je te volerai ta vérité profonde,

Pour que tu puisses enfin m'enlacer sans honte...
Tu t'abandonneras enfin à moi,

Et tu nous blottiras dans nos bras...

Moi, dont l'amour te faisait si peur,
Je te bercerai jusqu'à l'aurore de la nuit...
Consentants et baignés de crépuscules,

Nous deviendrons un seul être immatériel...
Et au cœur d'un halo aux mille reflets,

Nous rejoindrons la mer, celle de la tranquillité...

Un jour peut-être tu liras ces mots,
Qui sont les seuls témoins du dédale de nos drames.
Alors je braverai la colère des dieux,

Et je te retrouverai, quitte à en rejoindre les cieux...
Toi ma plus grande douleur,

Nous nous retrouverons, bien avant la dernière heure...
Toi, mon amour, ma torture...

On ne se quittera plus, oui, je te le jure...

A T... Poésie affichée sur la Croix de Colomban (près de Thônes - 1691m)


dimanche 3 février 2008

Fil conducteur : la liberté



La Liberté
Jacques Prévost (1998 - Poèmes pour l'an 2000 - Extraits)


La Liberté,

Ce n'est pas partir, c'est revenir,
Et agir,
Ce n'est pas prendre, c'est comprendre,
Et apprendre,
Ce n'est pas savoir, c'est vouloir,
Et pouvoir,
Ce n'est pas gagner, c'est payer,
Et donner,
Ce n'est pas trahir, c'est réunir,
Et accueillir.
-
La Liberté,

Ce n'est pas s'incliner, c'est refuser,
Et remercier,
Ce n'est pas un cadeau, c'est un flambeau,
Et un fardeau,
Ce n'est pas la faiblesse, c'est la sagesse,
Et la noblesse,
Ce n'est pas un avoir, c'est un devoir,
Et un espoir,
Ce n'est pas discourir, c'est obtenir,
Et maintenir.
-
Ce n'est pas facile,
C'est si fragile,
La Liberté,

vendredi 1 février 2008

Fil conducteur : la construction de la foi




Le dernier combat
David Myriam

Je me suis acculée face au mur
je suis seule, je me sens nue
effrayée par la peur de l’inconnu
seule au pied du mur.

Ses ailes glissent au-dessus de moi
Il arrive, Il me suit partout
son souffle me met en émoi
Il arrive et je suis à genou.

Je suis seule, j’ai peur de Lui
Il me regarde et je détourne la tête
Il me parle et je détale dans la nuit
Il me frôle et je sors les griffes
Il est nu et je referme mon armure
Il m’aime et j’arme une mitraillette
Il tend la joue et je le mets en joue
je suis seule, je m’écroule au pied de mon mur.

Derrière le mur Il attend
Il a tout son temps
le combat n’est pas pour lui
c’est moi qui dois baisser les armes.

Je suis seule, j’ai peur de Lui
mais seule je ne peux être moi
Il me réchauffe et mon cœur ne veut pas fondre
Il me ménage par peur que je m’effondre
Il m’éclaire et je préfère voir les yeux fermés
Il me cherche et je m’enferre dans les prisons dorées
Il m’aime et je n’aime que moi
Il me tend la main et j’embrasse une autre foi
je suis seule, j’efface les signes sur le mur.

Derrière le mur Il m’attend
Il me donne le temps
mes armes ne blessent que moi
mais c’est Lui qui verse des larmes.

Je suis seule, j’ai faim de Lui
et Lui n’attend que moi
Il m’observe et je suis nue
Il m’appelle et je réponds en silence
Il me touche et je baisse la garde
Il me féconde et je porterai le monde
Il m’aime et je l’aime aussi
Il m’embrasse et je tends la joue
je dis lui, je pourrais dire Elle.
Elle m’enveloppe et je me réchauffe
Elle me porte et je flotte vers Elle
Elle brille et j’ouvre les yeux
Elle me trouve et j’écarte les barreaux
Elle m’aime et je ne pense qu’à Elle
Elle me panse et je lui tends la main
je suis seule, avec elle.
Je dis Elle, je pourrais dire Tu
Tu me sondes et je suis ton écho
Tu me frottes et je me réveille
face au mur, transparent, je suis debout, vivante
mes doigts tracent tes signes sur le mur
et ma main arrache la première pierre.

Derrière le mur tu m’entends
nous avons le temps
mes armes sont en poussières
et mes larmes sont de joie.

Ensemble nous démonterons le mur
pierre par pierre
ensemble
nous nous tiendrons par la main.
Pierre par pierre
ensemble
nous étendrons notre amour
pierre par pierre
ensemble
nous construirons sans murs
ensemble
pour l’éternité.




lundi 28 janvier 2008

Fil conducteur : l'Eternité





L’éternité, si peu de temps
Arwen Gernak

L’éternité me semble si peu de temps
Quand j’énumère tous les désirs qui m’habitent
Les années passent de printemps en printemps
Je cours, derrière, toujours, de plus en plus vite.

Nos deux chaises attendent là où l’infini commence
Quand viendras-tu me saisir la main pour le voyage ?
Faut-il que je te redise chaque jour mon impatience
A rejoindre dans la force d’une étreinte, l’autre rivage ?

L’éternité me semble si peu de temps,
Quand je compte sur les millénaires à venir,
Tout ce qu’il va falloir accomplir d’important
Avant de nous rejoindre pour ne plus revenir.

Nos deux chaises s’ennuient, vides devant l’immensité
Quand serons-nous prêts pour cette aventure folle ?
La vie à deux, loin de l’autre et pourtant fortement liés
Qu’il suffit d’un songe pour que nos corps s’affolent.

L’éternité me semble si peu de chose,
Moins qu’un soupir, moins que l’espace de ces vers.
L’éternité me semble une rose à peine éclose
Quand je médite sur nos chaises face à l’univers.

dimanche 27 janvier 2008

samedi 26 janvier 2008

Fil conducteur : l'Amitié

Tableaux d'Emmanuel Garant


Un ami sincère
Sophie

Un ami sincère peut faire naître un sourire
quand nous sommes abattus et que rien ne va plus.

Un ami sincère peut comprendre nos épreuves
et d'une simple poignée de main nous remettre en chemin.

Un ami sincère est fait pour partager
nos rêves les plus secrets tout en demeurant discret.

Un ami sincère vaut plus que de l'or,
car au fond de son coeur, il ne veut que notre bonheur.

vendredi 25 janvier 2008

Fil conducteur : la séparation


Séparation
Stéphanie BIGEAT

C'est la mort dans l'âme
Que je vois s'éteindre dans mon coeur la flamme
Qui de ton amour, un jour ensoleillé d'hiver, est née
Et qui meurt, un sombre jour d'été.

Ton absence n'est que souffrances
Je préférais encore ton ignorance
Au moins, je te voyais
Maintenant, je suis réduite à t'imaginer.

Je ne te reverrai jamais
Je n'ai pu te dire en face que je t'aimais
Maintenant, à jamais, tu es parti
Mais dans mon coeur, tu resteras toute ma vie.

dimanche 20 janvier 2008

Fil conducteur : vieillir


Savoir vieillir
François FABIÉ
Recueil : Ronces et lierres

Vieillir, se l'avouer à soi-même et le dire,
Tout haut, non pas pour voir protester les amis,
Mais pour y conformer ses goûts et s'interdire
Ce que la veille encore on se croyait permis.

Avec sincérité, dès que l'aube se lève,
Se bien persuader qu'on est plus vieux d'un jour.
À chaque cheveu blanc se séparer d'un rêve
Et lui dire tout bas un adieu sans retour.

Aux appétits grossiers, imposer d'âpres jeûnes,
Et nourrir son esprit d'un solide savoir ;
Devenir bon, devenir doux, aimer les jeunes
Comme on aima les fleurs, comme on aima l'espoir.

Se résigner à vivre un peu sur le rivage,
Tandis qu'ils vogueront sur les flots hasardeux,
Craindre d'être importun, sans devenir sauvage,
Se laisser ignorer tout en restant près d'eux.

Vaquer sans bruit aux soins que tout départ réclame,
Prier et faire un peu de bien autour de soi,
Sans négliger son corps, parer surtout son âme,
Chauffant l'un aux tisons, l'autre à l'antique foi,

Puis un jour s'en aller, sans trop causer d'alarmes,
Discrètement mourir, un peu comme on s'endort,
Pour que les tout petits ne versent pas de larmes
Et qu'ils ne sachent pas ce que c'est que la mort.


jeudi 17 janvier 2008

Fil conducteur : l'indifférence


Peinture reproduite avec l'aimable autorisation d'Olivier de Sagazan.

«Il se retrouva sur le chemin, dégrisé, seul, abominablement lassé, implorant une fin que la lâcheté de sa chair l’empêchait d’atteindre.»
J.-K. Huysmans, À Rebours.

«On peut imaginer que le poisson, sortant de temps en temps la tête de l’eau pour happer l’air, aperçoive pendant quelques secondes un monde aérien, complètement différent – paradisiaque. Bien entendu il devrait ensuite retourner dans son univers d’algues, où les poissons se dévorent. Mais pendant quelques secondes il aurait eu l’intuition d’un monde différent, un monde parfait – le nôtre.»
Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires.


Qu'importe le temps
Qu'emporte le vent
Mieux vaut ton absence
Que ton indifférence.
Serge Gainsbourg


L'indifférence
René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907)
(Recueil : Les vaines tendresses)


Que n'ai-je à te soumettre ou bien à t'obéir ?
Je te vouerais ma force ou te la ferais craindre ;
Esclave ou maître, au moins je te pourrais contraindre
A me sentir ta chose ou bien à me haïr.

J'aurais un jour connu l'insolite plaisir
D'allumer dans ton coeur des soifs, ou d'en éteindre,
De t'être nécessaire ou terrible, et d'atteindre,
Bon gré, mal gré, ce coeur jusque-là sans désir.

Esclave ou maître, au moins j'entrerais dans ta vie ;
Par mes soins captivée, à mon joug asservie,
Tu ne pourrais me fuir ni me laisser partir ;

Mais je meurs sous tes yeux, loin de ton être intime,
Sans même oser crier, car ce droit du martyr,
Ta douceur impeccable en frustre ta victime.


vendredi 11 janvier 2008

Fil conducteur : le vent


Je suis un voyou
Georges Brassens
Paroles et Musique: Georges Brassens 1954
© Warner-Chapell Music France

Ci-gît au fond de mon cœur une histoire ancienne
Un fantôme, un souvenir d'une que j'aimais
Le temps, à grands coups de faux, peut faire des siennes
Mon bel amour dure encore, et c'est à jamais

J'ai perdu la tramontane *
En trouvant Margot
Princesse vêtue de laine
Déesse en sabots
Si les fleurs, le long des routes
S'mettaient à marcher
C'est à la Margot, sans doute
Qu'ell's feraient songer
J'lui ai dit: "De la Madone
Tu es le portrait !"
Le Bon Dieu me le pardonne
C'était un peu vrai

Qu'il me pardonne ou non
D'ailleurs, je m'en fous
J'ai déjà mon âme en peine
Je suis un voyou

La mignonne allait aux vêpres
Se mettre à genoux
Alors j'ai mordu ses lèvres
Pour savoir leur goût
Ell' m'a dit, d'un ton sévère
"Qu'est-ce que tu fais là ?"
Mais elle m'a laissé faire
Les fill's, c'est comm' ça
J'lui ai dit: " Par la Madone
Reste auprès de moi ! "
Le Bon Dieu me le pardonne
Mais chacun pour soi

Qu'il me pardonne ou non
D'ailleurs, je m'en fous
J'ai déjà mon âme en peine
Je suis un voyou

C'était une fille sage
A " bouch', que veux-tu ?"
J'ai croqué dans son corsage
Les fruits défendus
Ell' m'a dit d'un ton sévère"
Qu'est-ce que tu fais là ? "
Mais elle m'a laissé faire
Les fill's, c'est comm' ça
Puis, j'ai déchiré sa robe
Sans l'avoir voulu
Le Bon Dieu me le pardonne
Je n'y tenais plus !

Qu'il me pardonne ou non
D'ailleurs, je m'en fous
J'ai déjà mon âme en peine
Je suis un voyou

J'ai perdu la tramontane
En perdant Margot
Qui épousa, contre son âme
Un triste bigot
Elle doit avoir à l'heure
A l'heure qu'il est
Deux ou trois marmots qui pleurent
Pour avoir leur lait
Et, moi, j'ai tété leur mère
Longtemps avant eux
Le Bon Dieu me le pardonne
J'étais amoureux !

Qu'il me pardonne ou non
D'ailleurs, je m'en fous
J'ai déjà mon âme en peine
Je suis un voyou


*J'ai perdu le nord

jeudi 10 janvier 2008

Fil conducteur : la pureté et l'innocence de l'enfance

'Retrouver sa lumière' Mario Duguay

Poème : Reste un peu, Enfance ! ( Thème : Pureté )

Née au hasard,
Enfance riante et sans fard,
Tu vis sur les ailes
D’un monde irréel,
D’une bonbonnière
Chatoyante de mystères,
De légèreté,
De pureté.

Reste un peu, Enfance,
Au fond de mon être.
Fais disparaître
L’évidence !
Reste un peu, Enfance,
Rends-moi l’illusion
De l’insouciance,
De l’ innocence
A profusion !

Dans quels dédales
De géantes futaies morales
T’ai-je égarée,
Enfance adorée ?
Tu t’es envolée
Sans bruit au fil des années
Dans l’apprentissage
Des bons usages.

Reste un peu, Enfance,
Au fond de mon être.
Donne-moi la chance
De renaître !
Reste un peu, Enfance,
Rends-moi l’illusion
De ma différence
Sans l’intrusion
Des convenances !

Dans mon habit
Etriqué d’une vie sans plis
Clos sur ses replis,
J’avance sans mot
Avec le troupeau
Perdu dans l’intolérance,
Les viles dépendances,
Les influences.

Reste un peu, Enfance,
Au fond de mon être
Plein d’expériences
Sans peut-être !
Reste un peu, Enfance,
Rends-moi l’illusion
De vives passions,
De rebellions,
De contresens !

Quand l’asphyxie,
Cloue ma vie au pilori
Des obligations,
Des comparaisons
Souvent arbitraires,
Des modes si éphémères,
J’aimerais pleurer
Ou bien hurler :

Reste un peu, Enfance,
Ouvre les fenêtres,
Libère mon être
De la bienséance
Et du paraître !



Aquarelle Lise St-Cyr : 'Jeune Maiko'