jeudi 17 janvier 2008

Fil conducteur : l'indifférence


Peinture reproduite avec l'aimable autorisation d'Olivier de Sagazan.

«Il se retrouva sur le chemin, dégrisé, seul, abominablement lassé, implorant une fin que la lâcheté de sa chair l’empêchait d’atteindre.»
J.-K. Huysmans, À Rebours.

«On peut imaginer que le poisson, sortant de temps en temps la tête de l’eau pour happer l’air, aperçoive pendant quelques secondes un monde aérien, complètement différent – paradisiaque. Bien entendu il devrait ensuite retourner dans son univers d’algues, où les poissons se dévorent. Mais pendant quelques secondes il aurait eu l’intuition d’un monde différent, un monde parfait – le nôtre.»
Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires.


Qu'importe le temps
Qu'emporte le vent
Mieux vaut ton absence
Que ton indifférence.
Serge Gainsbourg


L'indifférence
René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907)
(Recueil : Les vaines tendresses)


Que n'ai-je à te soumettre ou bien à t'obéir ?
Je te vouerais ma force ou te la ferais craindre ;
Esclave ou maître, au moins je te pourrais contraindre
A me sentir ta chose ou bien à me haïr.

J'aurais un jour connu l'insolite plaisir
D'allumer dans ton coeur des soifs, ou d'en éteindre,
De t'être nécessaire ou terrible, et d'atteindre,
Bon gré, mal gré, ce coeur jusque-là sans désir.

Esclave ou maître, au moins j'entrerais dans ta vie ;
Par mes soins captivée, à mon joug asservie,
Tu ne pourrais me fuir ni me laisser partir ;

Mais je meurs sous tes yeux, loin de ton être intime,
Sans même oser crier, car ce droit du martyr,
Ta douceur impeccable en frustre ta victime.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Me vient à l'esprit le "Voyage d'hiver " de Schubert, si poignant, le wanderer sur les routes de gel.